Henri DELACOMMUNE, fondateur et brasseur de la Brasserie de Senlis, est un enfant du pays, fier de ses racines senlisiennes. Son amour pour le brassage remonte à son enfance, lorsqu'il tentait de convaincre ses parents, alors vignerons, de diversifier leur activité vers la bière. Cette passion grandissante le pousse à élaborer ses premières recettes dans sa cuisine. C’est en 2021 que son rêve prend forme avec l’ouverture de la Brasserie de Senlis. Faute de budget suffisant, il débute par du brassage à façon, mais sa détermination et l’engouement de sa clientèle lui permettent d’acquérir en 2023 son propre système de production. 

Henri ne s’arrête pas à la simple production de bière. En véritable artisan engagé, il inscrit sa brasserie dans une démarche de responsabilité sociétale en rejoignant le réseau "Un Toit pour les Abeilles". Ce partenariat permet à la brasserie de soutenir un apiculteur local et de renforcer son engagement envers la biodiversité. 

C'était un de ces soirs d’hiver où la lumière du jour peine à rivaliser avec la chaleur des lieux accueillants. Le 8 janvier 2025, à l’heure où les premières étoiles s’accrochent timidement au ciel, je me dirigeais vers la Brasserie de Senlis, intrigué par son bar fraîchement ouvert.

En poussant la porte, je fus immédiatement frappé par l’atmosphère du lieu : une propreté lumineuse, un décor épuré mais riche en détails rappelant fièrement l’âme de la brasserie. Ici, tout évoque la bière artisanale, de la lueur des cuves en arrière-plan à l’odeur discrète de malt qui flotte encore dans l’air.

Anthony, maître des lieux et gardien de ce bar, m’accueillit avec un sourire sincère. « Vous dégusterez bien une Blonde de Senlis ? », me conseilla-t-il . Comment refuser l’invitation de cette blonde douce et authentique, rehaussée par une touche de miel ? Je m’installai au bar, profitant de la vue sur les tirages pressions.

La première gorgée fut une révélation. L’amertume, si souvent redoutée des novices, était ici adoucie par un voile de miel, donnant à la bière une rondeur apaisante. Anthony, voyant mon sourire, s’assit à mes côtés pour partager un peu de son univers.

Alors que nous échangions sur l’art de brasser, la porte s’ouvrit sur Pierre, un habitué. Vêtu d’un manteau sombre, il portait cette nonchalance des âmes qui se sentent chez elles. « J’attends Jérémy », m’expliqua-t-il, « on aime bien venir ici pour l’ambiance. »

Jérémy ne tarda pas à arriver, une poignée de main ferme pour saluer Anthony avant de s’installer. Les deux compères évoquèrent leurs bières préférées, Pierre vantant la Blonde et l’Ambrée, tandis que Jérémy, fidèle depuis les débuts, ne tarissait pas d’éloges sur la Triple et la Brune de Noël.

Je leur confiai ma passion pour les IPA, et Anthony, avec un sourire complice, s’éclipsa un instant avant de revenir avec une NEIPA. « Celle-ci est unique, comme chaque brassin. La recette change à chaque fois. » La bière, à la robe légèrement trouble, dégageait un parfum intense. Une explosion d’arômes de houblon emplit ma bouche, et je fus surpris par sa douceur, presque soyeuse.

Le temps semblait suspendu dans cet écrin de convivialité. Anthony m’apprit que la brasserie s’apprêtait à doubler sa capacité de production. Une lueur d’espoir dans un paysage où les brasseries artisanales peinent parfois à subsister.

Alors que l’horloge approchait 19h15, je jetai un dernier coup d’œil autour de moi. Les six tirages pression, les bouteilles alignées prêtes à être emportées, l’ambiance chaleureuse des discussions animées... Tout ici appelait à revenir.

Je saluai Anthony, Pierre et Jérémy, promettant de revenir avec des amis au printemps. La nuit était tombée, mais je repartais avec une lumière au cœur, celle d’avoir partagé un moment vrai, dans un lieu où l’authenticité est reine.